Au fil de mes expériences professionnelles, j’ai rencontré des héros du monde de l’entreprise. Ils sont ces experts doués et hors normes qui s’affranchissent des référentiels et guides de bonnes pratiques. Ils maîtrisent parfaitement leur discipline et poussent les limites techniques pour toujours produire des solutions audacieuses à un besoin client. Les héros prennent des raccourcis connus d’eux seuls, inaccessibles au plus grand nombre.
Les autres collaborateurs observent avec admiration les héros de l’entreprise. Ils se sentent tout petits devant tant d’ingéniosité et applaudissent aux résultats époustouflants obtenus.
Les héros mettent en péril l’entreprise !
Le mode héroïque pour réussir un projet est un leurre, une pirouette, une saveur qui excite les papilles un instant puis qui laisse un arrière-goût amer.
En effet, le mode héroïque repose sur quelques rares individus non représentatifs de l’entreprise. Que ces héros disparaissent et la performance qu’ils incarnaient s’évanouit avec eux. Les héros ne collaborent pas, diffusent rarement leur savoir. Ils sont des francs-tireurs, pour qui la pratique de haute voltige est une jubilation nécessaire et suffisante. Il en résulte que la reprise de leur production par d’autres est impossible. Nul n’est en capacité de faire évoluer, corriger ou maintenir leurs solutions.
Or, la complexité de l’écosystème actuel rend indispensable le mode collaboratif. Il est impensable de prétendre mettre en oeuvre individuellement des solutions pertinentes et performantes. Si la démarche processus est tant sollicitée, c’est bien en raison de ce constat.
Derrière le titre provocateur de cet article, j’alerte sur cette fausse bonne idée d’un mode héroïque enviable. Bien sûr, je force le trait. Mais ma préférence va clairement à des équipes sachant collaborer de façon répétée plutôt qu’à l’exceptionnelle performance occasionnelle d’une poignée de héros.
Je fais le pari de la mécanique sobre et collective contre la mécanique insolite et expérimentale. Et vous ?
0 commentaires